La pauvreté selon l’âge
Un peu plus de la moitié des personnes pauvres ont moins de 30 ans. Les plus de 65 ans sont moins touchés mais leur pauvreté est plus durable.
30 décembre 2022
https://www.inegalites.fr/La-pauvrete-selon-l-age - Reproduction interditeParmi les 5,2 millions de personnes situées sous le seuil de pauvreté fixé à 50 % du niveau de vie médian, près d’un tiers est composé d’enfants et d’adolescents en 2019. La moitié des personnes pauvres ont moins de trente ans. La pauvreté touche en premier lieu les enfants, les adolescents et les jeunes adultes (18-29 ans) dont plus d’un sur dix est pauvre.
Cette population pauvre et jeune est constituée de deux grands ensembles très différents. D’un côté, de jeunes adultes, souvent en difficulté d’insertion sur le marché du travail et, de l’autre, des enfants qui subissent la pauvreté de leurs parents. Le taux de pauvreté est maximal entre 18 et 29 ans du fait de l’ampleur du chômage des jeunes, de leurs bas salaires et de la précarité de l’emploi. Cette tranche d’âge est aussi la moins bien couverte par la protection sociale, tout du moins les moins de 25 ans sans ressources, qui restent exclus du droit au RSA.
Source : calculs de l’Observatoire des inégalités, d’après l’Insee – Données 2019 – © Observatoire des inégalités
La pauvreté selon l’âge Seuil de pauvreté fixé à 50 % du niveau de vie médian | |||
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Nombre d'individus pauvres en milliers | Taux de pauvreté en % | Part de la population pauvre en % | |
Moins de 10 ans | 870 | 11,6 | 16,7 |
De 10 à 17 ans | 734 | 11,4 | 14,1 |
De 18 à 29 ans | 1 011 | 12,3 | 19,4 |
De 30 à 39 ans | 569 | 7,1 | 10,9 |
De 40 à 49 ans | 654 | 7,9 | 12,5 |
De 50 à 64 ans | 939 | 7,6 | 18,0 |
De 65 à 74 ans | 239 | 3,4 | 4,6 |
Plus de 75 ans | 197 | 3,5 | 3,8 |
Ensemble | 5 215 | 8,2 | 100 |
Source : calculs de l’Observatoire des inégalités, d’après l’Insee – Données 2019 – © Observatoire des inégalités
En revanche, à partir de 65 ans, le taux de pauvreté est le plus faible, d’environ 3 %. Au total, les plus de 65 ans ne regroupent que 8 % des personnes pauvres, alors qu’ils représentent 20 % de la population. Les difficultés des personnes âgées ont été mieux prises en compte par les politiques sociales ces dernières décennies. Le minimum vieillesse, relevé de 100 euros par mois entre 2017 et 2020, se situe désormais juste au-dessous du seuil de pauvreté de 50 % du niveau de vie médian : il suffirait d’une enveloppe budgétaire supplémentaire modeste pour éradiquer la pauvreté monétaire des personnes âgées. Par ailleurs, de plus en plus de femmes achèvent leur vie active en ayant régulièrement travaillé et donc plus cotisé à des régimes de retraite. En conséquence, dans les années à venir, on pourrait encore assister à une baisse du taux de pauvreté des personnes âgées.
Pour autant, la situation des personnes âgées pauvres n’est pas moins grave que celle des plus jeunes : une partie d’entre elles, notamment en milieu rural, survivent avec de très bas revenus. S’ils sont moins souvent pauvres, les aînés sont aussi dans une situation particulière : il est très peu probable que leur situation évolue, alors que les plus jeunes peuvent espérer un avenir meilleur. Pour les plus âgés, la pauvreté est presque toujours un phénomène durable, jusqu’à la fin de leur vie.
Les très bas revenus des jeunes adultes |
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Les enquêtes sur les revenus de l’Insee saisissent mal les revenus des jeunes : lorsqu’ils vivent chez leurs parents, leurs ressources (ou leur absence de ressources) sont comptées avec les revenus de leurs parents. Lorsqu’ils ont quitté le foyer parental, on connait mal le soutien monétaire ou matériel de leur famille. De ce fait, les ménages étudiants sont exclus des données sur la pauvreté. Pour éclairer ces zones d’ombre, l’Insee a enquêté en 2014 sur les ressources individuelles des 18-24 ans : soutien familial, revenus du travail, allocations, bourses, etc. Ces résultats, déjà anciens, sont alarmants. La moitié des jeunes qui vivaient dans un logement autonome devaient composer avec moins de 939 euros par mois, toutes aides comprises. On est tout près de pouvoir affirmer que 50 % des 18-24 ans « autonomes » sont pauvres. 10 % des 18-24 ans qui avaient quitté le foyer familial touchaient moins de 365 euros : ce chiffre nous dit la misère dans laquelle sont laissés les jeunes chômeurs, qui n’ont pas droit au RSA avant 25 ans. |
Photo / CC BY Clem Onojeghuo
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