Les vingt quartiers prioritaires les plus pauvres de France
Les quartiers les plus en difficulté affichent des taux de pauvreté supérieurs à 70 %. Des taux près de cinq fois plus élevés que la moyenne nationale. Notre classement des vingt quartiers prioritaires les plus pauvres de France.
24 janvier 2021
https://www.inegalites.fr/Les-vingt-quartiers-prioritaires-les-plus-pauvres-de-France - Reproduction interditeAvec un taux de pauvreté de 81 % [1], le quartier « Résidence Sociale Nicéa » à Nice est le plus pauvre des quartiers prioritaires de la ville, suivi du quartier « Pous du Plan » à Carpentras (84), avec un taux de 72 %, et de « Rois de Majorque », situé à Perpignan (66), avec un taux de 71,4 %, selon les données 2017 de l’Insee. Ces taux de pauvreté sont sans commune mesure avec la moyenne des quartiers les plus en difficulté [2], dont le niveau est pourtant déjà considérable (43,5 %).
Le seuil de pauvreté utilisé ici, le seul disponible, est celui de 60 % du niveau de vie médian. Il équivaut, en 2017, à 1 040 euros par mois pour une personne seule, à 2 600 euros pour une famille avec deux enfants de plus de 14 ans. Avec ce seuil, une partie des personnes prises en compte disposent d’un revenu modeste, mais ne relèvent pas de la « grande pauvreté ». Les taux élevés de notre classement font apparaître le degré de concentration de la pauvreté dans certains quartiers populaires.
Si l’on considère l’ensemble des quartiers prioritaires, la moitié de leurs habitants disposent de moins de 1 120 euros par mois pour vivre. Dans notre classement des vingt quartiers les plus en difficulté, la moitié des habitants vivent avec un revenu compris entre 800 et 960 euros mensuels. Une partie considérable de la population qui habite dans ces territoires vit avec des ressources très faibles.
D’un point de vue géographique, les quartiers les plus pauvres se situent plus souvent dans le sud de la France, à Nice, Toulon, Carpentras ou encore Nîmes, mais aussi à La Réunion où deux quartiers de la ville de Sainte-Suzanne figurent en tête avec des taux de pauvreté aux alentours de 65 %. Attention, notre classement ne porte que sur les quartiers prioritaires de la ville. Certains de ces territoires comptent très peu d’habitants. Dans d’autres, plus peuplés, la moyenne du niveau de pauvreté peut être trompeuse : si on avait divisé en « sous-quartiers » ces territoires à forte densité de population, on aurait probablement obtenu des taux de pauvreté de l’ordre de ceux qui apparaissent dans notre classement.
Une population jeune et davantage de familles monoparentales
Les vingt quartiers de France les plus en difficulté se caractérisent par plusieurs indicateurs communs qui expliquent la faiblesse des ressources de leurs habitants. Le chômage et les emplois précaires sont davantage le lot de ceux qui y résident. Ces derniers sont aussi plus jeunes, souvent sans diplôme.
Dans l’ensemble des quartiers prioritaires de la ville, les moins de 25 ans représentent près de 40 % de la population (Insee, données 2019). Hormis quelques exceptions, la plupart des territoires qui nous intéressent comptent encore plus de jeunes : près de la moitié de la population a moins de 25 ans dans le quartier « Pissevin-Valdegour » à Nîmes, 46 % dans celui de « Quartier Bas-Vernet Ancien Zus » à Perpignan, ou encore, les jeunes représentent 45 % de la population à « Pous du Plan » à Carpentras (Insee, données 2015), le deuxième QPV le plus pauvre.
Les familles monoparentales sont aussi plus présentes dans les quartiers les plus pauvres. Elles forment 24 % de la population en moyenne dans les quartiers prioritaires de la ville selon l’Observatoire national de la politique de la ville, contre 15 % au niveau national. Par exemple, dans le quartier « Bel Air Centre Ville Village Desprez » à La Réunion, qui affiche un taux de pauvreté de 66 %, les familles monoparentales représentent 42 % de la population
Les critères de notre classement |
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Nous avons trié les quartiers prioritaires de la ville par taux de pauvreté [3] (Seul taux disponible, l’Insee ne diffuse pas le taux de pauvreté au seuil de 50 %, plus souvent utilisé par l’Observatoire des inégalités, pour les quartiers de la politique de la ville.]]), sans prendre en compte le nombre d’habitants, pour obtenir le classement des vingt plus pauvres parmi les 1 349 quartiers prioritaires pour lesquels cette donnée est disponible. Ces vingt quartiers ont, pour la plupart d’entre eux, une population comprise entre 1 000 et 4 500 habitants, excepté le quartier « Pissevin-Valdegour » à Nîmes qui en compte 15 600 et celui de « L’Egalité » à Champigny-sur-Marne (94) qui ne comporte que 500 habitants. |
Une population moins diplômée
Les habitants de ces cités très pauvres sont beaucoup plus souvent dépourvus de bagage scolaire. Dans les quartiers les plus pauvres de notre classement, la part de la population sans diplôme est en moyenne de 59 %. Elle varie de 41 % dans celui de « Rois de Majorque » à Perpignan à 69 % à « Pontcarral » à Toulon (Insee, données 2015). Il faut noter cependant que la plupart des diplômés ne restent pas dans leur quartier d’origine une fois intégrés sur le marché du travail ; il est donc logique qu’ils soient moins nombreux.
La mobilité est d’ailleurs un élément qu’il faut prendre en compte pour analyser l’évolution de la situation sociale de ces quartiers, dont la population change au fil du temps. Leurs catégories les plus favorisées tendent à déménager tandis qu’ils accueillent des populations qui n’ont pas les moyens de se loger hors du parc de l’habitat social.
Au bout du compte, ces quartiers pauvres sont aussi, dans la plupart des cas, loin de l’image qu’on en donne parfois. Le chômage, le travail précaire et les faibles revenus y sont beaucoup plus répandus qu’ailleurs, mais on n’y vit pas que de prestations sociales et de trafics en tout genre. Contrairement aux « cités » qui font la Une des journaux, les quartiers présentés ici ne sont pas forcément situés où on les attend. La moitié se trouve dans le sud de la France, seule une partie est située dans la banlieue parisienne ou dans le nord de la France. Il ne s’agit ni de « ghettos », ni de territoires de non-droit, mais simplement de quartiers où vit la population la plus pauvre de France, et parfois très proches des territoires de l’extrême richesse.
Les 20 quartiers prioritaires de la ville les plus pauvres de France | |||
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Commune | Population en 2013 | Taux de pauvreté en 2017 en % | |
Résidence Sociale Nicéa | Nice (06) | 1 008 | 81,0 |
Pous du Plan | Carpentras (84) | 1 142 | 72,0 |
Rois de Majorque | Perpignan (66) | 1 581 | 71,4 |
Quartier Bas-Vernet Ancien Zus | Perpignan (66) | 2 828 | 69,9 |
Pontcarral | Toulon (83) | 1 301 | 67,9 |
Pissevin - Valdegour | Nîmes (30) | 15 597 | 66,6 |
Quartier Champs de Mars | Perpignan (66) | 1 609 | 66,5 |
L'Égalité | Champigny-sur-Marne (94) | 479 | 66,3 |
Bel Air Centre Ville Village Desprez | Sainte-Suzanne (97) | 2 151 | 66,1 |
Le Viguier - Saint-Jacques | Carcassonne (11) | 1 862 | 65,9 |
Portes Ferrées | Limoges (87) | 1 261 | 64,7 |
Petit Bazar - Chemin du Centre - Fayard | Saint-André (97) | 4 534 | 64,6 |
Chevreux | Soissons (02) | 1 035 | 64,0 |
Pont de Pierre | Maubeuge (59) | 2 064 | 63,9 |
Laden Petit Train | Castres (81) | 1 254 | 63,9 |
Jules Guesde | Troyes (10) | 1 695 | 63,4 |
Sainte Musse | Toulon (83) | 1 850 | 63,3 |
Cantepau | Albi (81) | 2 106 | 63,2 |
Provinces françaises | Maubeuge (59) | 1 507 | 63,1 |
La Madeleine | L'Aigle (61) | 1 233 | 62,7 |
Ensemble des quartiers prioritaires de la ville | 43,5 |
Source : Insee – © Observatoire des inégalités
Photo / CC By SA Vpe Wikimedia
[1] Le seuil de pauvreté utilisé ici est fixé au seuil de 60 % du niveau de vie médian.
[2] Nous avons simplifié le terme exact qui est « quartier prioritaire de la ville (QPV) ». Ces quartiers sont ceux jugés comme les plus en difficulté par l’État en considérant le critère du revenu, utilisé pour les définir.
[3] Source : « Données sur les quartiers de la politique de la ville », Insee, avril 2020.
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